Fondé en 1961, entre autres par Carlos Fonseca, le Front Sandiniste de Libération Nationale s’est placé sous la figure tutélaire de Augusto Calderón Sandino (1895 – 1934).
Comme la plupart des pays d’Amérique Latine issus des guerres d’Indépendance, le Nicaragua a vu les factions de la nouvelle oligarchie s’affronter pour le pouvoir, sous des étiquettes politiques différentes. Au Nicaragua, c’étaient les « conservateurs » contre les « libéraux ». A la différence près que les États-Unis ont toujours été particulièrement attentifs à ce qu’il se passait dans ce pays, considéré par eux comme stratégique, car il était tout à fait envisageable d’y construire un canal reliant les deux océans, Pacifique et Atlantique. C’est pour cette raison qu’ils y sont intervenus régulièrement pour y rétablir « l’ordre ».
Sandino, né en 1895, d’origine modeste, était parti très tôt gagner sa vie au Guatemala ou au Mexique. Il revient au Nicaragua en 1926, au moment d’un nouveau conflit armé entre les libéraux et les conservateurs. Il décide alors de s’engager en faveur des libéraux et crée un petit groupe armé affilié à « l’Armée Constitutionnaliste Libérale ». Une nouvelle intervention des marines étasuniens oblige conservateurs et libéraux à se mettre d’accord, mais Sandino décide de continuer la lutte contre les envahisseurs yankees. Seul, avec un petit groupe de 30 personnes, il crée l’Armée de Défense de la Souveraineté Nationale (EDSN) et s’installe dans les montagnes du Nord, où il mène une guerre de guérilla, en s’appuyant sur les petits paysans et les ouvriers des mines. Au fil de la lutte, ses troupes atteindront jusqu’à 3000 personnes. Malgré leur énorme supériorité humaine et matérielle (12000 soldats, appuyés par l’artillerie et l’aviation), les États-Unis ne parviennent pas à vaincre Sandino et sa « petite armée folle » (« El pequeño ejército loco », comme l’appelle la poétesse chilienne Gabriela Mistral Prix Nobel de Littérature en 1945), et ils décident de se retirer peu à peu durant l’année 1932. Des élections ont lieu le 6 novembre 1932, qui amènent à la Présidence un libéral, Juan Bautista Sacasa, qui fait la paix avec Sandino. Mais, avant de quitter le pays, les États-Unis ont créé, formé et armé un corps prétorien, la « Garde Nationale » avec l’objectif de continuer à contrôler le pays. Son chef, Anastasio Somoza García, fait assassiner Sandino le 21 février 1934, puis liquide ce qu’il reste de ses troupes. A la fin de l’année 1936, débute la dictature de la famille Somoza, qui durera 43 ans (soit le record de longévité sur le continent américain), jusqu’au 19 juillet 1979.
Comme dit au début de cet article, Sandino a été la figure titulaire du Nicaragua révolutionnaire. A plusieurs titres : fondateur de la guerre de guérilla moderne en Amérique Latine, vainqueur d’une armée d’occupation étasunienne, il a évolué au cours de sa lutte d’une idéologie essentiellement nationaliste et patriotique à des prises de position antiimpérialistes et en faveur des classes opprimées. Par ailleurs, après avoir réussi à expulser les troupes étasuniennes, il aspirait uniquement à retourner cultiver son lopin de terre. En cela également il détonnait parmi les dirigeants des différentes factions qui se soulevaient à intervalles réguliers : il n’était pas possible de le soumettre en lui promettant prébendes, richesses ou positions de pouvoir, comme il l’a exprimé dans une de ses célèbres proclamations : « El hombre que de su patria no exige un palmo de tierra para su sepultura, merece ser oído, y no sólo ser oído sino también creído » (« L’homme qui n’exige de sa patrie même pas un peu de terre pour sa sépulture, mérite non seulement qu’on l’entende, mais également, qu’on le croie »).
On le verra dans mes prochains articles, Sandino est omniprésent dans le graphisme révolutionnaire des ces années-là: dans tous les domaines, on voit apparaître sa silhouette ou celle de son chapeau, qui suffit à l’identifier. Cet article, lui, est consacré uniquement aux affiches présentant des portraits de Sandino ou ses « emblèmes ».
Portraits de Sandino
Ces deux portraits étaient les portraits officiels, qui étaient affichés dans toutes les administrations.
Mais, très vite, le graphisme a évolué, vers des représentations de plus en plus stylisées.
Sandino et la génération montante,
Sandino et la lutte pour la paix,
Sandino et son état-major,
Sandino et la cause latino-américaine,
Sandino, à l’occasion du 50ème anniversaire de sa mort (1934)
Les emblèmes de Sandino
On les retrouvera dans un grand nombre d’affiches dans tous les domaines. Ici, ils sont représentés de manière isolée. Il s’agit de la signature de Sandino et du sceau de l’EDSN: un guérillero levant sa machette au-dessus de la tête d’un yankee qu’il tient par les cheveux.
Repris dans une des affiches commémorant le 50ème anniversaire de la mort de Sandino,
Ou par l’Armée Populaire Sandiniste (EPS), qui affiche ainsi sa filiation avec l’armée de Sandino (EDSN).
Cette affiche reprend également un des couplets d’une célèbre chanson qui accompagnait les guerrilleros de Sandino: « La mamá Ramona »: « Pour les yankees, nous avons préparé une magnifique réception: le fil des machettes et les balles du canon ».
Les écrits de Sandino
Rassemblés par l’écrivain Sergio Ramírez, ils ont fait l’objet de diverses éditions, qui accompagnaient les alphabétiseurs de 1980,
… Ou les soldats de l’Armée Populaire Sandiniste.
Sandino et Ernest Pignon Ernest
A l’occasion de la commémoration du 50ème Anniversaire de la mort de Sandino, Ernest Pignon Ernest a offert cette lithographie au Comité de Solidarité français avec le Nicaragua.